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Jorge Sharp et les mouvements citoyens : Un nouvel élan pour la Gauche chilienne?

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Article écrit par Nessim AchoucheAnalyste externe au Conseil des Affaires Hémisphériques

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Pour avoir une idée claire de l’amplitude du changement provoqué par le résultat des élections municipales à Valparaiso il faut comprendre le bouleversement de la stabilité de l’offre politique chilienne au niveau national comme au niveau local qu’elle représente. En effet depuis la fin de la dictature en 1990 le pouvoir oscille entre deux blocs ; d’un côté une vaste coalition de centre gauche, regroupant principalement la « Democracia Cristiana » (Démocrates Chrétiens) et le « Partido Socialista » (Parti Socialiste). C’est cette ample alliance qui a gouverné sans interruption de 1989 jusqu’en 2010 puis s’est reconstituée en 2013 en intégrant le « Partido Communista » (Parti Communiste), prenant le nom de Nueva Mayoria (Nouvelle Majorité). De l’autre une agrégation des droites, composée de partis de centre droits et d’une droite fortement conservatrice, héritière de l’ère Pinochetiste, de retour au pouvoir en 2010 via l’élection de l’homme d’affaires milliardaire Sebastian Piñera. Ce qui caractérise politiquement cette période de retour à la démocratie, c’est le consensus tacite existant entre les différents groupes qui se partagent le pouvoir, de ne pas bouleverser l’héritage économique néolibéral issu de la dictature.

S’il n’était pas né au moment du coup d’État militaire du 11 Septembre 1973, Sharp n’est pas un total inconnu de la sphère politique Chilienne. Il y fait ses premiers pas lors des mouvements étudiants qui ont éclaté en 2011 et ont secoué le pays pendant plusieurs mois. Sharp est à cette époque à la tête d’une fédération étudiante de Valparaiso et va très vite chercher à transcrire politiquement ce qui est alors bien plus qu’une revendication isolée contre le système éducatif et qui porte les racines d’un rejet profond notamment de la part de la jeunesse de l’oligarchie politique en place depuis des décennies. Il rejoint alors le groupe politique d’influence Marxiste, Izquierda Autonoma (Gauche Autonome) fondé en 2008, au sein duquel il va rencontrer celui qui est aujourd’hui député dans l’extrême sud du pays et une voix influente sur la scène politique nationale, Gabriel Boric. Rapidement, Sharp va se détacher de la ligne promue par le groupe autonomiste notamment sur les questions de participation électorale et les possibilités d’alliances avec la coalition au pouvoir.[i] Ce qui va l’amener à fonder en Janvier 2016 avec ce même Gabriel Boric un parti politique « Movimiento Autonomista » (Mouvement Autonomiste) qui a pour ambition de rentrer dans le jeu politique chilien.

Or quelques mois auparavant en octobre 2015, un groupe citoyen et associatif de Valparaiso « La Matriz Urbana » (La matrice urbaine) dont fait partie le jeune avocat, décide de l’organisation de primaires en vue des élections municipales de novembre 2016. La Matriz Urbana se transforme alors en une plateforme ouverte, aux différents regroupements citoyens locaux qui va s’atteler à deux tâches concrètes :

– 1) Désigner un candidat issu d’un mouvement ou de l’activisme local qui viendra concurrencer les partis politiques classiques et le maire sortant Jorge Castro Muñoz appartenant à l’Union de Los Democratas Independientes (Union des Démocrates Indépendants) parti conservateur, en place depuis deux mandats.

– 2) Déclencher un processus participatif et inclusif pour proposer un programme qui sera porté par le candidat désigné. .[ii]

Suivant l’exemple de Gabriel Boric, Sharp se présente à ces primaires citoyennes en tant que représentant local du récent « Movimiento Autonomista » (Mouvement Autonomiste), qu’il remporte de justesse. Cette primaire ouverte à tous les habitants de Valparaiso est marquée par une faible participation avec près de 5000 participants, ce qui représente seulement 3% du corps électoral de la ville.[iii] Cette faible participation n’accorde à Sharp ni une grande assise, ni une légitimité importante au moment de démarrer sa campagne. Pourtant en s’appuyant sur le support que représente Matriz Urbana, Sharp va transformer ce qui n’est qu’un mouvement citoyen formé par des groupes militants et politisés de la ville en une candidature inclusive qui va rallier de nombreuses forces autour d’elle.

Ce sont les mouvements sociaux locaux, de la protection de l’environnement aux groupes féministes mais aussi les syndicats et les associations de quartier qui vont soutenir et diffuser la candidature Sharp au sein de la population locale. Une candidature qui prend alors le nom de « Movimiento Valparaiso Ciudadano » et place le mouvement citoyen comme moteur de son action[iv]

Le programme porté par Sharp est formé par un nombre important de propositions centrées notamment sur le développement urbain durable. L’accent est mis sur les zones « hautes » de Valparaiso les plus défavorisées de la ville, souvent lieux d’incendies (le dernier dévastateur en 2014), avec le projet de les doter d’infrastructures publiques de base (accès à l’eau potable, système d’égouts). La question de l’éducation est au centre du programme avec une attention à l’éducation publique et la volonté de créer un socle d’éducation commun pour la commune regroupant les problématiques et spécificités de Valparaiso et de son environnement.[v]

Trois mois après avoir été investi lors des primaires Jorge Sharp et son mouvement s’imposent avec 54 % des voix, devançant largement le maire sortant ainsi que le candidat soutenu par la coalition de centre gauche au pouvoir, avec chacun 22 % des voix.[vi] Si l’écart est très important en faveur de Sharp le taux d’abstention record, de près de 69% (la moyenne nationale s’établissant à 66%) est un élément à prendre en compte au moment de déchiffrer cette sensation politique.

La victoire du Movimiento Valparaiso Ciudanano ainsi que la manière dont celle-ci a été construite font aujourd’hui échos en ces temps d’élections présidentielles au Chili. Or l’arrivée sur la scène politique nationale d’une force se positionnant en dehors du duopole historique chilien et se revendiquant de la participation citoyenne donne à penser que l’expérience de Valparaiso n’a pas été sans incidence sur l’évolution du paysage politique national.

 

Les élections Présidentielles à venir et le « Frente Amplio »

En novembre de cette année se tiendra l’élection présidentielle chilienne alors que Michelle Bachelet se retire après un deuxième mandat. Les quatre dernières années ont vu naître des réformes dans différents secteurs de l’État, celui de l’éducation avec la volonté affichée de rompre avec le système de profits des universités et l’objectif brandi lors de la campagne de la candidate Bachelet d’obtenir la gratuité totale et universelle dans l’éducation supérieure[vii]. La réforme en profondeur du système fiscal chilien, l’un des plus allégé d’Amérique Latine était également un fer de lance de son programme électoral. Enfin, les droits humains, avec la loi sur l’avortement thérapeutique restera comme la dernière mesure marquante de ce deuxième mandat. Leurs arrivées sur la table est le résultat du souhait de la part de Bachelet et de son gouvernement de réduire les effets dévastateurs notamment sur les inégalités, de l’alliance entre une structure économique néolibérale et un socle social conservateur.

Cependant il faut bien voir qu’elle est surtout le fruit du rejet par de nombreux secteurs de la société chilienne, du pacte tacite adopté pendant la dictature et jamais remis en cause par les partis au pouvoir, consistant à faire accepter les énormes inégalités et la marchandisation généralisée de la société contre la garantie de croissance et de modernisation du pays.

C’est à travers ce prisme que l’on peut comprendre le sens des fréquentes mobilisations et luttes sociales des dix dernières années qui ont souvent dépassé les revendications sectorielles, et dont les protestations étudiantes de 2011 forment le climax.[viii] Dès lors les réformes développées par la « Nueva Mayoria » ne pouvaient que décevoir une majorité des Chiliens notamment à gauche.[ix] En effet aucune de ces réformes qui formaient pourtant le cœur du programme du second mandat de Bachelet n’ont proposé un changement radical quant au modèle proposé et ce sont parfois même contentées de changements à la marge.[x]

C’est dans ce double contexte, celui de la désillusion d’une grande partie de l’électorat de Bachelet et des succès locaux des candidats de partis non affiliés comme Gabriel Boric, Giorgio Jackson, (députés) ou Jorge Sharp qu’est né le rassemblement du Frente Amplio ( Font Large). Il se définit comme « un ample mouvement politique et social qui vise à changer de manière démocratique les structures inégalitaires de pouvoir au Chili »[xi] . Le Frente Amplio (Front Large) rassemble une quinzaine de partis et mouvements politiques Chiliens, la plupart se situant à l’intérieur d’un prisme politique allant de la gauche libertaire en passant par les écologistes jusqu’à des partis qui rejettent la classification gauche droite, comme le parti Pirate Chilien inspiré du mouvement Islandais qui prône la démocratie directe et l’accès libre aux technologies de l’information ou encore le parti Libéral Chilien[xii].

Le parallèle que l’on peut dresser avec la constitution de la Matriz Urbana puis du « Movimiento Valparaiso Ciudadano » n’est pas fortuit et il ne semble pas infondé de penser que l’expérience victorieuse de Valparaiso ait inspirée la construction de ce mouvement national.

En effet, le mimétisme se retrouve dans le mode désignation du candidat du Frente Amplio qui fait le choix d’une primaire ouverte à tous les citoyens non adhérents à un parti politique. Les tractations internes au Frente Amplio ont débouché sur une double candidature aux primaires, tous deux novices en politique, Beatriz Sanchez journaliste et essayiste et Alberto Mayol sociologue de l’Université du Chili. C’est finalement la candidate Sanchez soutenue par Sharp et Boric qui sera élue le 2 juillet 2017 avec plus de 67 % des trois cent trente mille voix exprimées lors de ces primaires.[xiii]

Le rapprochement entre les deux mouvements va plus loin, se rejoignant sur la formule participative d’élaboration d’un programme citoyen. Des rencontres et de débats locaux ont eu lieux dans de nombreuses villes et localités du pays, participant à l’émergence de thématiques qui ont été par la suite retouchées au niveau régional pour devenir des propositions programmatiques.[xiv] Le processus s’est clôt par une votation citoyenne dématérialisée afin de prioriser certaines mesures et de faire des choix lorsque plusieurs « policy -options » étaient proposées pour une même problématique.[xv]Ce sont aux alentours de vingt mille personnes qui ont pris part au programme participatif du Frente Amplio. Dix-sept mille personnes ont voté par Internet pour entériner ce programme, pour un pays dont le corps électoral compte 13 millions de personnes.

Il faut donc relativiser l’engouement citoyen et replacer cette initiative dans une nation où la désaffection pour le politique atteint des niveaux jamais égalés depuis le retour de la démocratie et la fin du vote obligatoire en 2012, en témoigne la dernière élection présidentielle (2013) qui n’a pas dépassé les 50 % de participation, descendant jusqu’ à 42% lors du second tour. [xvi]

En outre, Beatriz Sanchez n’a que très peu de chance d’accéder à la présidence du Chili en novembre, le candidat de droite et ex-président, Sebastian Piñera étant annoncé comme large vainqueur. Cependant l’objectif annoncé par le Frente Amplio de rompre avec le bipartisme et faire rentrer une force citoyenne dans l’espace politique chilien semble lui en passe de se réaliser. En effet Beatriz Sanchez, novice en politique, qui a démarré la campagne avec à peine plus de 3 % des intentions de vote est aujourd’hui créditée d’environ 15 % ce qui la place en troisième position de la course présidentielle.[xvii]

 

Ancrages Locales, Réflexions globales.

En prenant du recul sur le cas Chilien, on s’aperçoit qu’il n’est pas isolé. En effet aujourd’hui dans les démocraties libérales occidentales on remarque le développement simultané des mouvements citoyens radicaux à l’échelle locale et de forces politique nationales né de l’activisme populaire ou invoquant sa légitimité. Le nom de Podemos est bien sûr dans les têtes lorsque l’on évoque l’éclosion d’un mouvement politique citoyen[xviii]. Lui-même successeur des « Indignados » survenu peu après la déferlante de la crise financière en Espagne et qui avait occupé spontanément les places du pays. Il est intéressant de constater qu’en Espagne l’activité pendulaire entre force locale et nationale s’est faite dans le sens contraire de celle du Chili avec une naissance sur des thématiques et des luttes nationales et internationales avant de se redéfinir au niveau local. L’accession à la mairie de Barcelone et de Madrid de deux maires portées par des mouvements sociaux et supportées par Podemos est aujourd’hui les porte-drapeaux du mouvement qui a connu des déconvenues lors des dernières élections.

L’autre point commun entre Podemos et le Frente Ciudadano c’est la présence d’un processus itératif entre la conceptualisation du mouvement et de ses ambitions politiques et la pratique politique qui l’entretient et le fait avancer. Il est d’ailleurs révélateur d’apprendre que nombre des jeunes leader intellectuels des partis moteurs du Frente Amplio se sont intéressées de près aux processus populaires engendré par la crise et ses répercussions en Europes et aux Etats Unis (Siriza, Podemos, le mouvement Occupy) .[xix]

C’est peut-être ce qui séduit chez cette gauche radicale et lui octroie un certain élan rassembleur, avoir su dresser un diagnostic de ce début de XXIème siècle et des crises qui le secoue. Un diagnostic qui affirme la nécessaire intégration des populations dans la conception du projet politique futur, que ce soit en Espagne ou au Chili, un discours relayé par des pratiques participatives qui sortent des canaux employés par les partis classiques.

Cependant si ces mouvements mettent l’accent sur l’intégration citoyenne comme moteur de leur action, ce fronton lumineux ne peut cacher qu’il représente parfois l’unique dénominateur commun des groupes et individus qui les forment. Au Frente Amplio comme à Valparaiso sont regroupées des formations hétéroclites avec des positionnements très divers, voir opposés, notamment sur les questions économiques et de transformations sociales. Cela ouvre un grand nombre de questions sur la pérennité de telles organisations et leur solidité une foi confrontée aux affres de la gestion politique.

Le cas Chilien nous donne ici un éclairage sur un exemple d’articulation entre force locale et expansion nationale pour ces mouvements citoyens. Ainsi l’élection de Jorge Sharp et la constitution du Frente Amplio donnent à penser qu’ils ne sont peut-être pas de simples épiphénomènes car ils se nourrissent de processus globaux tout en s’ancrant dans une réalité locale et agissante. La question de ce qui rassemble les citoyens dans ces initiatives, sous quelles bannières et derrière quel projet de société et de gouvernemen, apparait comme le défi majeur au moment où d’autres mouvements se revendiquant eux aussi du peuple portent des valeurs humaines et sociales opposées.

L’avenir de la gauche chilienne est peut-être en train de se dessiner aujourd’hui au sein des assemblées citoyennes, et d’ouvrir une voie qui si elle perdure et s’installe durablement pourraient être suivie par d’autre dans la région.

 

Article écrit par Nessim AchoucheAnalyste externe au Conseil des Affaires Hémisphériques

Édité par Clément Doleac Chercheur au Conseil des Affaires Hémisphériques et Tobias Fontecilla Chercheur au Conseil des Affaires Hémisphériques en charge de la division « Southern Cone ».

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Image: Accession de Jorge Sharp à la Mairie de Valparaiso                                Pris De: Jorge Sharp

[i]Paula Molina « Jorge Sharp, el joven que sorprendió a Chile ganando la alcadía de Valparaiso”. BBC. 24 octobre 2016. http://www.bbc.com/mundo/noticias-america-latina-37757442

[ii] “Pacto Urbano la Matriz, el movimiento ciudadano que arrasó con el duopolio en Valparaíso”. The Clinic. 24 octobre 2016. http://www.theclinic.cl/2016/10/24/pacto-urbano-la-matriz-el-movimiento-ciudadano-que-arraso-con-el-duopolio-en-valparaiso/

[iii] Pedro Santander « Triunfo de Jorge Sharp en Valparaíso: Lecciones no autocomplacientes para la izquierda chilena”. El desconcierto. 30 novembre 2016 http://www.eldesconcierto.cl/2016/11/30/triunfo-de-jorge-sharp-en-valparaiso-lecciones-no-autocomplacientes-para-la-izquierda-chilena

[iv] Ibid.

[v] Programme du Candidat Sharp : http://jorgesharp.cl/programa/

[vi] Service électoral Chilien : https://www.servel.cl/resultados-definitivos-elecciones-municipales-2016/

[vii] Constanza Hola « ¿Por qué ha sido tan difícil instaurar la educación universitaria gratuita en Chile?”

[viii] Claudia Borri “El movimiento estudiantil en Chile(2001-2014).La renovación de la educación como aliciente para el cambio político-social” Altre Modernita Universita degli Studi di Milano- p140-160. Avril 2016

[ix] Paula Molina « Por qué se desplomó la popularidad de Bachelet en Chile”. BBC Mundo. 6 avril 2015.

[x] http://www.dw.com/es/las-reformas-de-bachelet/a-19296695

[xi] http://frente-amplio.cl/

[xii] http://frente-amplio.cl/quienes-somos

[xiii] “ Beatriz Sánchez triunfó en la primaria del Frente Amplio ». CNN chile. 2 Juillet 2017.http://www.cnnchile.cl/noticia/2017/07/02/beatriz-sanchez-triunfo-en-la-primaria-del-frente-amplio

[xiv] Nicoals Grau y Jaim Peina « La construcción programática del Frente Amplio”. El Mostrador. 13 Mars 2017.

[xv] Cristina Romero “Las claves del plebiscito online que realizará el Frente Amplio para zanjar el programa de gobierno de Beatriz Sánchez”. 14 Septembre 2017. http://www.emol.com/noticias/Nacional/2017/09/14/875234/Las-claves-del-plebiscito-que-realizara-el-Frente-Amplio-para-zanjar-el-programa-de-gobierno-de-Beatriz-Sanchez.html

[xvi]CEP(Mars 2016) Cambios en la participacion electoral tras la inscripcion automatica y el voto voluntario- Debates de Politica Publica N°14 . Mars 2016. Disponible en ligne https://www.cepchile.cl/cep/site/artic/20160505/asocfile/20160505172224/dpp_014_marzo2016_lcox_rgonzalez.pdf

[xvii] https://plazapublica.cl/temas/encuestas/#post-15730

[xviii] Il faut se référer ici à la notion de populisme et sa reprise par les différents travaux des théoriciens politique Ernest Laclau et Chantal Mouffe qui se centrent sur la nécessaire revivification du concept de peuple afin d’accéder à des démocraties radicales.

[xix] Macarena Segovia « Así se prepara el Frente Amplio para el sorpasso: los estudios en el extranjero de la nueva elite de la izquierda”. El Mostrador. 4 Mai 2017. http://www.elmostrador.cl/noticias/pais/2017/05/04/asi-se-prepara-el-frente-amplio-para-el-sorpasso-los-estudios-en-el-extranjero-de-la-nueva-elite-de-la-izquierda/