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Bolivie: un complot contre Morales aurait été déjoué

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By Lamia Oualalou
Rio de Janeiro
April 17, 2009

Le chef de l’État bolivien devait être la cible d’un commando terroriste comprenant des Européens.

Il faisait encore nuit quand les premiers coups de feu ont retenti dans les couloirs de l’hôtel Las Americas, en plein centre de Santa Cruz, la principale ville de l’Est bolivien. Un groupe d’élite de la police bolivienne a pris d’assaut une des chambres où, selon les autorités, elle aurait affronté pendant une demi-heure ses cinq occupants. Trois d’entre eux sont morts, alors que les deux autres, blessés, étaient capturés.

Le vice-président Alvaro Garcia Linera a aussitôt annoncé le démantèlement d’une «cellule terroriste» dont l’objectif était d’abattre le chef d’État Evo Morales. Il a affirmé que la chambre d’hôtel recelait un arsenal, composé de fusils, mitraillettes, grenades et explosifs C-4, et de documents sur les déplacements des principaux membres du gouvernement, et notamment du président.

«Un pays divisé»
Dans un entretien au Figaro, le ministre de l’Intérieur Alfredo Rada révèle que parmi les membres du groupe tués dans l’échange de tirs se trouvaient un Irlandais et un Hongrois. La cellule était dirigée par un Bolivien, également abattu durant l’opération, «d’ascendance croate, et revenant de camps d’entraînement en Croatie», précise le ministre. La région de Santa Cruz, la plus riche du pays, concentre l’essentiel de l’opposition au premier chef d’État d’origine indigène de Bolivie.

Le gouverneur de la province de Santa Cruz, Rubn Costa, a déclaré qu’il s’agissait d’un «montage» et d’un «rideau de fumée» pour distraire l’attention d’un autre attentat commis la veille à l’encontre du domicile du cardinal Jorge Terrazas, un opposant au chef d’État. «Cette tentative d’assassiner Evo Morales n’est pas si inattendue ou incroyable qu’elle y paraît», estime Alejandro Sanchez, analyste au Council on Hemispheric Affairs, un centre d’études sur l’Amérique latine basé à Washington.

Il souligne que malgré les victoires politiques d’Evo Morales, «la Bolivie reste un pays extrêmement divisé et dangereux». Le pays a flirté avec la guerre civile l’année dernière autour de l’approbation d’une nouvelle Constitution, qui donnerait plus de pouvoirs aux Indiens, majoritaires. La semaine dernière, le président a fait une grève de la faim pendant cinq jours pour contraindre le Congrès à adopter une nouvelle loi électorale.

Armes lourdes
Pour Alfredo Rada, «la présence d’armes lourdes dans la chambre d’hôtel et surtout celle de mercenaires étrangers, dont les services sont coûteux, soulignent que cette cellule bénéficie d’appuis logistiques et financiers importants». Le ministre s’est refusé toutefois à citer les États-Unis, tout comme Evo Morales d’ailleurs.

Arrivé au Venezuela, où il assiste à la réunion des chefs d’État proches d’Hugo Chavez, l’Alternative bolivarienne des Amériques, le président bolivien a pris soin de ne pas accuser l’«Empire», comme il le fait régulièrement. C’est le signe d’une tentative de renouer les liens avec Washington, à la veille de aa première rencontre avec Barack Obama.